Déclaration préliminaire devant le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce

Monsieur le Président, distingués membres du Comité, bonjour. Nous apprécions la possibilité que nous avons, deux fois l'an, de venir ici à la suite de la parution du Rapport sur la politique monétaire pour livrer aux sénateurs et, par votre entremise, à tous les Canadiens, notre point de vue sur l'économie. Ces séances nous aident à faire connaître l'objectif de la politique monétaire et les mesures que nous prenons pour l'atteindre.

Lorsque Paul et moi nous sommes adressés à votre comité, en avril dernier, nous vous avons informés que l'économie tournait, selon nous, nettement en deçà de son potentiel. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'économie canadienne a progressé plus rapidement au premier semestre de l'année qu'on ne s'y attendait, principalement grâce à l'essor vigoureux des exportations. Elle fonctionne maintenant près des limites de sa capacité et continue de s'ajuster à l'évolution de la conjoncture internationale.

La plus récente livraison du Rapport sur la politique monétaire, publiée le 21 octobre, présente le scénario de référence de la Banque, qui prévoit que, d'ici la fin de 2006, la demande globale de produits et services canadiens augmentera en moyenne au même rythme environ que la production potentielle. Le Rapport précise que, étant donné les effets de la hausse des prix du pétrole et de l'appréciation passée du dollar canadien, la croissance économique devrait être légèrement inférieure à 3 % en 2005 et légèrement supérieure à ce niveau en 2006.

Comme l'économie devrait tourner près des limites de sa capacité durant toute cette période, la Banque croit que l'inflation mesurée par l'indice de référence, qui se situe à 1,4 % en ce moment, regagnera la cible de 2 % d'ici la fin de 2005. Cette prévision est essentiellement la même que celle que nous avons formulée en avril dernier. Toutefois, la Banque estimait en octobre que le rythme de progression de l'IPC global s'approcherait de la limite supérieure de la fourchette cible de 1 à 3 % au premier semestre de 2005, pour ensuite descendre un peu au-dessous de celui de l'indice de référence au début de 2006. Cette projection tenait compte de la trajectoire des cours du pétrole brut indiquée par les prix des contrats à terme à la mi-octobre, au moment où nous avons rédigé le Rapport.

C'est dans ce contexte que la Banque a décidé de porter le taux cible du financement à un jour à 2,5 % le 19 octobre, la plus récente date préétablie pour l'annonce des taux directeurs. Le scénario de référence présenté dans le Rapport suppose que de nouvelles réductions du degré de détente monétaire seront nécessaires au fil du temps, pour permettre à l'économie de tourner près des limites de sa capacité et maintenir l'inflation au taux visé. Nous avons également souligné que le rythme des hausses des taux d'intérêt dépendra de l'évaluation que la Banque fera des perspectives d'évolution des facteurs qui déterminent les pressions s'exerçant sur l'appareil de production et, partant, sur l'inflation.

Paul et moi revenons tout juste de la réunion du G20 qui a eu lieu à Berlin la fin de semaine dernière. Les questions que nous y avons traitées concordent très étroitement avec celles que nous avons analysées dans le Rapport sur la politique monétaire : les prix des produits de base, le réalignement des monnaies, les déséquilibres mondiaux et la présence croissante de pays à marché émergent tels que la Chine et l'Inde.

Nous continuons à nous en tenir, de façon générale, au scénario de croissance mondiale que nous avons exposé dans le Rapport. Cependant, les discussions menées à la réunion du week-end dernier et à d'autres rencontres internationales récentes laissent entrevoir une expansion un peu moins vive à l'échelle du globe, bien que les cours au comptant et les cours à terme du pétrole se soient quelque peu repliés depuis un mois.

L'un des faits les plus importants survenus depuis la parution du Rapport en octobre est que le dollar américain s'est encore déprécié d'environ 5 % par rapport aux autres grandes monnaies flottantes, y compris le dollar canadien. Si les taux de change actuels devaient persister — et si tous les autres facteurs économiques et financiers restaient inchangés —, cela aurait un effet modérateur sur la demande globale de produits et services canadiens. Comme la politique monétaire a pour objet de maintenir l'équilibre entre la demande et l'offre globales afin de garder l'inflation près de la cible visée, nous devons évaluer l'incidence des fluctuations de la monnaie sur la demande globale ainsi que le contexte dans lequel elles se produisent, c'est-à-dire les variations qu'enregistrent les autres facteurs économiques et financiers.

En terminant, je tiens à souligner que la Banque examine l'ensemble des données disponibles avant chacune des dates d'annonce préétablies, ce qu'elle fera encore une fois avant celle du 7 décembre.

Monsieur le Président, Paul et moi nous ferons maintenant un plaisir de répondre à vos questions.