Déclaration préliminaire devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes

Monsieur le Président, distingués membres du Comité,

C'est avec un plaisir toujours renouvelé que je me présente devant vous. Comme votre programme de travail ne vous permettait pas de me rencontrer l'automne dernier, je suis particulièrement heureux d'avoir l'occasion aujourd'hui de discuter avec vous de la situation économique au pays ainsi que des perspectives en matière d'inflation.

La semaine dernière, nous avons publié la onzième livraison de notre Rapport sur la politique monétaire. Depuis la parution du Rapport de novembre, la tenue affichée par l'économie canadienne a dépassé les attentes. Stimulée par la vigueur de la demande au pays et à l'étranger, l'expansion de notre économie s'est accélérée au second semestre de 1999 et au début de 2000.

Le tableau très favorable de l'économie américaine, conjugué au niveau élevé des investissements des entreprises et à la solide progression de l'emploi au Canada, laisse présager la poursuite d'une forte expansion au pays. Compte tenu du dynamisme de la demande, la Banque du Canada a révisé à la hausse ses projections relatives au taux de croissance et s'attend maintenant à ce que celui-ci se situe à l'intérieur d'une plage de 4 à 4,5 % en 2000.

Le taux de l'inflation tendancielle au Canada a été moins élevé que prévu pendant les six derniers mois; c'est même l'un des plus bas parmi les pays industriels. Mais il est probable que les pressions qui s'exercent sur la capacité de l'économie augmenteront cette année. Ainsi, on s'attend à ce que l'inflation tendancielle, qui est donnée par l'indice des prix à la consommation excluant l'alimentation, l'énergie et l'effet des impôts indirects, monte graduellement près du milieu de la fourchette de maîtrise de l'inflation de 1 à 3 % visée par la Banque. Pour que l'inflation mesurée par cet indice se maintienne aux alentours de 2 %, il faudra que l'expansion économique ralentisse ou alors que la croissance de la productivité et de la capacité de production s'accélère en 2001.

Je dois toutefois préciser que les estimations de la capacité de production sont plus incertaines encore que d'habitude. Le fait que l'inflation tendancielle soit inférieure aux prévisions pourrait laisser supposer que les mesures utilisées d'ordinaire sous-estiment la capacité de l'économie de produire des biens et des services sans qu'il y ait une montée des pressions inflationnistes. Ces dernières années, les conditions pour que la productivité et la capacité de production augmentent ont été bien meilleures qu'auparavant. Mais, jusqu'à présent, rien ne prouve vraiment qu'une telle augmentation ait eu lieu. Il est donc plus difficile encore que d'habitude, pour les autorités monétaires, d'estimer où se situe l'équilibre entre l'offre et la demande globales.

D'autres risques importants pèsent sur nos perspectives de croissance. Il se peut en effet que la demande globale aux États-Unis demeure plus vigoureuse que prévu, et que les pressions inflationnistes s'intensifient et gagnent notre pays. La croissance de l'économie américaine est restée spectaculaire. Il est nécessaire que son rythme diminue progressivement cette année et en 2001.

La prudence en matière de conduite de la politique monétaire nous commande de ne pas sous-estimer les risques d'une remontée de l'inflation, compte tenu surtout de la croissance vigoureuse de la demande globale au Canada, aux États-Unis et dans d'autres pays. Comme il faut environ 18 à 24 mois avant que les effets de la politique monétaire se fassent sentir sur les prix, la Banque cherche toujours à prévoir l'ampleur des pressions inflationnistes sur un horizon de un à deux ans.

La croissance de la productivité est le seul moyen d'obtenir des gains à long terme au chapitre des revenus et du niveau de vie. La révolution technologique qui secoue le monde actuellement fournit au Canada une occasion rêvée d'accroître sa productivité. La meilleure contribution que la politique monétaire puisse faire pour favoriser cet accroissement est de maintenir l'inflation à un bas niveau. Un taux d'inflation bas et stable réduit l'incertitude à l'égard de l'évolution future des prix, abaisse la fréquence des cycles de surchauffe et de contraction économiques et aide à garder les taux d'intérêt à des niveaux peu élevés. Tout cela encourage les entreprises à investir dans le matériel et les applications qui sont nécessaires pour tirer profit des nouvelles technologies.

L'engagement qu'a pris la Banque de maintenir l'inflation dans la fourchette cible de maîtrise de l'inflation dont s'est doté le Canada devrait faire en sorte que la politique monétaire favorise un climat propice à l'amélioration continue de la tenue de notre économie.