Le gouverneur de la Banque du Canada prend la parole devant la Metropolitan Halifax Chamber of Commerce
On a pu observer, ces dix dernières années, un mouvement très marqué vers une transparence accrue dans la conduite de la politique monétaire parmi les grandes banques centrales du monde, a indiqué le gouverneur de la Banque du Canada, M. Gordon Thiessen, dans une allocution qu'il a prononcée aujourd'hui devant la Metropolitan Halifax Chamber of Commerce. Ce mouvement ne s'explique pas seulement par la tendance généralisée des institutions publiques à rendre davantage compte de leurs actions; il est aussi dû au fait que l'on reconnaît maintenant que la transparence peut accroître l'efficacité des politiques publiques mises en oeuvre.
M. Thiessen a passé en revue certaines des mesures qu'a prises la Banque afin d'accroître la transparence de la politique monétaire et de mieux rendre compte de la conduite de cette politique, à commencer par l'adoption, en 1991, de cibles explicites de réduction de l'inflation. Il a affirmé que les succès répétés de la Banque dans l'atteinte de ces cibles ont contribué à modifier les attentes du public à l'égard de l'inflation future. « Plus l'engagement de la Banque envers la réalisation des cibles devenait crédible, plus les Canadiens élaboraient leurs projets en supposant que la tendance future de l'inflation allait demeurer à l'intérieur de la fourchette visée. »
Le gouverneur a souligné qu'un engagement crédible à maîtriser l'inflation « engendre au fil du temps d'autres effets positifs. À mesure que la crédibilité se renforce, l'incertitude à l'égard de l'inflation future diminue. Les taux d'intérêt sont plus bas qu'ils ne le seraient autrement, et les investissements effectués en machines et matériel et dans les nouvelles technologies augmentent, ce qui a pour effet à long terme de consolider la croissance économique. »
Il a ensuite parlé de la plus récente initiative prise par la Banque pour améliorer ses communications, soit la publication deux fois l'an d'une mise à jour de l'analyse présentée dans le Rapport sur la politique monétaire, émanant du Conseil de direction de la Banque. Cette mise à jour paraîtra en février et août de chaque année, soit entre les livraisons de mai et de novembre du Rapport, lequel renferme un compte rendu de la conduite de la politique monétaire par la Banque. La prochaine mise à jour sera publiée en février dans la livraison de l'hiver 1999-2000 de la Revue de la Banque du Canada.
C'est dans cet esprit de transparence que M. Thiessen a présenté la plus récente évaluation de la Banque au sujet des perspectives d'évolution de l'économie canadienne et de leurs implications pour l'inflation et la politique monétaire.
Il a signalé que la tenue de l'économie avait été très bonne en 1999, l'activité ayant crû de près de 4 % entre le quatrième trimestre de 1998 et celui de 1999. « L'emploi a également connu une vive progression, a-t-il précisé, faisant passer le taux de chômage à l'échelle nationale juste sous la barre des 7 %, ce qui ne s'était pas vu depuis 18 ans. »
Le gouverneur a fait remarquer que les renseignements recueillis depuis la parution de la dernière livraison du Rapport sur la politique monétaire donnent à penser, pour ce qui est de l'avenir, que la croissance de la demande au Canada pourrait être plus vive qu'on ne l'avait prévu « en raison de la vigueur inattendue de l'économie mondiale (surtout de l'économie américaine) et des marchés internationaux des matières premières ». Il se pourrait donc que l'expansion économique cette année soit un peu plus rapide que ce que la Banque envisageait à l'automne, pour s'établir dans la moitié supérieure de la plage de 2 3/4 à 3 3/4 % projetée alors. L'évolution récente incite à croire que les risques d'inflation signalés par la Banque en novembre sont toujours présents.
« Bien que les mesures habituelles [de la production potentielle] donnent à penser que notre économie tourne actuellement à plein régime, il est tout à fait possible que les changements structurels opérés aient entraîné un accroissement de notre capacité de production; le problème est que nous ne savons pas vraiment quelle est son ampleur. »
Faisant ressortir la vigueur de la demande et l'incertitude entourant les évaluations habituelles des capacités de production de l'économie, le gouverneur a déclaré que la Banque « doit toujours être à l'affût des signes annonciateurs de pressions sur les prix et les coûts et se tenir prête, si de tels signes se manifestent, à s'opposer rapidement aux pressions naissantes ». Il est important que la Banque demeure vigilante et la raison en est « qu'un taux d'inflation bas et stable est essentiel à la poursuite d'une expansion économique saine et durable ».